Né dans les prisons américaines avant de devenir un phénomène dans le New York noir et gay des années 1980, le voguing se dance, se transe.
Briller le temps d’un ball se travaille et la compétition semble impitoyable dans cet univers de strass et de paillettes. Transcender son identité nécessite en effet beaucoup d’ardeur et voguer c’est avant tout embraser la foule de son extravagante unicité. Faire la démonstration du pouvoir des attitudes tout en exécutant le geste juste, celui qui permettra une victoire écrasante en finale d’un battle puis la consécration. Car la grande majorité des voguers aspire à devenir Legendary…
Si certains ne retiendront du voguing que l’aspect esthétique, la revendication générale ne saurait être uniquement artistique. Dans une société où la puissance financière et symbolique exclut les minorités ethniques et les homosexuels, la communauté s’approprie les attributs de la classe dominante, entre cannibalisme culturel et résistance. La multitude et la diversité des catégories qui fondent le mouvement agissent comme un repoussoir à l’uniformisation de la culture gay et à son conservatisme en matière de genre. Elles prouvent, si besoin en était, que l’identité sexuelle ne saurait être réduite à des pratiques ou à un système d’identification genré.