La fabrique de soi : Cours et compétitions de Twerk
Au début de l’année 2023, je suis accueillie à la « Waka Waka Dance Academy » par la directrice Jeannine Fischer-Siewe. Au festival annuel de l’école où je réalise mes premières images, on enseigne la Soca, le N’dombolo, le krump, le hip-hop et le twerk. La journée débute avec une conférence sur les violences faites aux femmes dans le milieu de la danse, il y a un stand de moon cup, je sais que j’ai frappé à la bonne porte. Jeannine et son équipe sont très articulées sur les questions féministes et on échange longuement dans son bureau à propos des femmes entrepreneuses, de l’intersectionnalité, du travail de Rébecca Chaillon, de celui de Soupless et de Tashinda.
Chez Jeannine, on pratique le twerk en non-mixité dans la pénombre. Je navigue entre les chaussures en tas dans une atmosphère chaude et humide au son du cours de Twerkness et des encouragements de Tashinda : EVERY BOOTY CAN TWERK! Je ne le sais pas encore, mais je photographie celle qui produira la chorégraphie d’Aya Nakamura aux JO de Paris 2024.
Ces premières images, je les rapprocherai bientôt de celles photographiées plus tard au championnat du monde de twerk. Pendant l’International Twerk Championship je porte mon attention sur la mise en scène de soi, la présence des réseaux sociaux et le travail des apparences qui surgit dans les détails de la matière, des gestes et des coiffures… Ici on a troqué son survêt confort pour des shorties à paillettes, des cheveux tressés et des accessoires qui brillent sous la lumière noire. Je découvre un monde queer au sein duquel se joue une compétition organisée en catégories, thématisée et pour laquelle les concurrents et concurrentes ont fabriqué leur costume. Réminiscences de cosplay et de voguing…
De ces deux types d’images naît une série de 6 objets photographiques en métal et plexiglass.