Glossaire
illustré

Dans le monde du twerk, travailler son corps et son apparence, se dévêtir en public, revendiquer coquetterie et séduction ne sont pas des actions synonymes de soumission à un regard patriarcal. Elles symbolisent au contraire la femme puissante, maîtresse de son corps et du désir qu’elle provoque. Aussi, le twerk peut-il être célébré comme une pratique de réappropriation de son corps et de sa sensualité, offrant aux femmes (et en particulier aux femmes noires) un espace pour s’affirmer en résistance face aux normes de beauté occidentales qui les ont historiquement dévalorisé et stigmatisé. 

D’un autre point de vue, l’essor du BBL (une chirurgie esthétique visant à accentuer les courbes) peut être vu comme une capitulation face à ces mêmes normes, où l’autonomisation passe par une conformité aux idéaux corporels imposés par l’industrie culturelle et les médias. On sait aussi que les Vixen (twerkeuses professionnelles et figurantes de clips) subissent la pression d’une industrie qui valorise leur corps tout en les maintenant dans des conditions précaires. Majoritairement issues des communautés marginalisées, elles sont sous-payées, privées de stabilité contractuelle et exposées à la violence et à l’exploitation. 

Bien que très contrastées, ces visions coexistent et s’entrechoquent révélant les paradoxes qui entourent la pratique du twerk : à la fois pur produit de l’industrie culturelle qui exploite les corps des femmes et acte de résistance et d’empowerment. Plus que de résoudre ces contradictions, le corpus Twerk Nation et son « Glossaire illustré » propose une réflexion sur l’ambivalence et la complexité de nos luttes, qu’elles soient évidentes ou souterraines. 

Les 5 compositions texte-image rassemblées sur cette page prennent appui sur des mots et des objets de la culture populaire (les fesses de Fanny, la Bum Bum Cream) pour interroger nos habitudes de regard, les biais sexistes, racistes ou exotisants qui conditionnent nos rapports aux corps et aux sexualités. Elles tentent de mettre en lumière la complexité des expériences vécues en acceptant que le twerk et les corps qu’il met en mouvement puissent être à la fois des objets d’oppression et de libération. C’est aussi l’un des objectifs du projet Twerk Nation : interroger les structures de pouvoir, remettre en question les récits dominants et envisager des formes de résistance qui échappent aux cadres préétablis.